Un de mes textes... Motus...
Le but du jeu était d'insérer phonétiquement les mots chatoyant, singerie, chevaleresque et canarder....
Je suis assise près de la fenêtre, ma boîte à couture sur les genoux, je regarde le jardin. Je t'ai entendu
arriver, les pneus de ta voiture ont fait crisser les gravier de l'allée. Tu fais ton entrée dans le salon, les
chaussures encore humides d'une journée de pluie. Je lève les yeux. Ton corps long s'élance, je connais sa
trajectoire. Un rapide baiser sur mon front, un "ça va?" purement rhétorique à la bouche, tu files t'asseoir dans
ton fauteuil favori. Ton journal, ton whisky. Tiens, pas aujourd'hui. Tu m'en fais la remarque d'un ton acerbe. Je
quitte mon ouvrage et rattrape ma bévue en m'excusant. La vie reprend son cours. J'ai honte de me laisser si
facilement manipuler. J'essaie de faire glisser un morceau de fil bleu dans le chas d'une aiguille. Mes mains
tremblent un peu. Et je me vois, et je t'entends. Moi aux aguets, les oreilles dressées, comme un chat, toi y
enfournant comme chaque soir la même litanie de propos que tu voudrais tranchants mais qui ne sont
qu'insipides. Je me lève à nouveau.. Tu ne t'interromps même pas. Je passe près de la cheminée, à deux pas de
toi. Le vase en cristal que tu trouves magnifique et que je déteste, tant il est lourd, glisse malencontreusement,
ricochant sur ton crâne nu.Tout s'arrête. Je goûte quelques secondes à la douceur du silence qui envahit la
pièce. Lentement, presque imperceptiblement, ton corps glisse sur l'épais tapis. L'aiguille à la main, j'assiste au
spectacle. Un soupir s'échappe de ma poitrine et mon corps se détend. j'ai envie de danser.Je te singe, ris de
ta déconfiture. Mais il m'en faut encore. Je m'approche, rien ne bouge. Je m'agenouille, m'installe sur tes
hanches, à cheval. RRRR ! Est-ce que tu vas m'aider un peu pour une fois ? Ton ventre rebondi me gêne, je
m'assois dessus. Et je commence mon ouvrage... J'ai fait vite, de jolis points bien serrés, je suis contente de
moi. Je glousse, au bord du fou rire. Comme ça, ta bouche ressemble au bec d'un canard. Des larmes perlent à
mes yeux...